Plaidoyer par le massage

Il y a une équanimité fondamentale dans le massage : une égalité d’âme.

L’étymologie latine du mot est composée de “aequus” (égal) et “d’animas” (coeur/âme), ou tranquillité et sentiments bienveillants.

Le massage est en fait une alliance entre le masseur et le massé : les 2 donnent et reçoivent.

Le massé ne vit pas l’expérience “passivement” : il fait l’expérience, dans l’abandon du contrôle, et dans l’attention accordée à ses sens et à son corps (facilitée par l’écoute et l’attention du masseur); qu’il peut authentiquement entrer en contact avec ses vulnérabilités (physiques ou émotionnelles).

Par voie de conséquences, et dans le même instant, il fait aussi l’expérience d’être immédiatement en contact avec la force puissante de sa tendresse, et de ses capacités en propre.

C’est alors la force naturelle de la compassion, comme capacité inhérente à chaque être humain, qui est à l’oeuvre.
Dans son corps, au travers du massage, il touche son humanité et sa vulnérabilité, en même temps qu’il touche sa capacité d’accueil, de non jugement, de tendresse et de bien être pour lui même.

Il ressent qu’il n’est pas nécessaire de lutter pour s’ouvrir à la bonté ou diffuser un tendre repos et de l’amour pour soi.
C’est tout au contraire un “lâcher prise” à tout ce qui est.
Une capacité à tout inclure ce qui le constitue: son bien être comme son mal être, sans rien avoir à choisir, sans rien avoir à rejeter de lui.

Le massé peut sentir, car il l’a vécu pour lui même, que :
L’autre est un être humain comme moi, avec les mêmes émotions, les mêmes difficultés d’homme ou de femmes, les mêmes ressentis: il a peur, ressent le chagrin et la perte, la colère et la joie.

L’équanimité et l’écoute s’ouvrent et s’équilibrent au fil du massage : les 2 protagonistes restent dans l’état d’esprit que :
– L’autre, tout comme moi, est vulnérable et digne
– L’autre: mérite écoute, ouverture et tendresse, avec respect et bienveillance

Car tout comme moi, il peut souffrir et douter.

Le massage nous ouvre un rapport bienveillant avec nous même : ces moments de délicatesse envers soi, permettent d’apprivoiser nos vulnérabilités, sans ressentir de manquements en nous.
On entre en amitié avec le corps, comme il est à partir de là ou il se trouve. Le massage aide à sentir que les blessures (physiques ou émotionnelles) ne sont pas des pertes et que le corps est plein d’élans, d’envies et de ressources oubliées.

Dans la journée, souvent et sans nous en rendre compte, nous crispons, portons, tenons, et retenons notre corps là où ce n’est pas nécessaire.
Le massage permet d’en prendre conscience en s’y abandonnant: c’est une situation favorable pour se laisser aller, pour lâcher. Lorsque le corps se détend, le système nerveux lâche et la tête s’allège.

Le masseur, comme en état de présence méditative, porte son attention sur le fait qu’au delà d’un protocole de massage, ou d’un ensemble de techniques visant à soulager les tensions, c’est avant tout une personne, singulière et unique qu’il touche.
On ne masse pas juste un corps.
La personne reçoit le massage se sent alors prise en considération, concernée, elle est ainsi amenée à être à l’écoute de ce qui se passe dans son propre corps. Les pensées sont comme court circuitées.
La dimension de dignité d’exister peut s’ouvrir.
On regagne son corps en ressentant son unité, son entièreté. Un sentiment de vrai détente et d’apaisement intervient, quand je me sens unifié.

Il n’y a pas de performance ou de protocole établi, tout comme en pleine présence, pour goûter à l’instant présent, chacun reste ouvert à l’inconnu, dans l’écoute profonde de son corps, de manière à la fois vaste et précise.